J’ai parlé ce matin avec les Présidents de l’Association des victimes du Camp Boiro et de l’Organisation guinéenne des droits humains (OGDH). Le premier me dit qu’il a lui-meme subi des violences physiques au cours desquelles ses lunettes ont été brisées et ses portables volés. Il dit que plusieurs femmes ont été violées et sexuellement torturées. Il est médecin, formé en France, et compte plusieurs années d’expérience professionnelle.
Le second dont le bureau se trouve sur une des routes menant au stade du 28 septembre où la tuerie a eu lieu affirme avoir vu les militaires utiliser des armes de gros calibres, dont les tirs pouvaient couper les branches des arbres.
Le capitaine Moussa Dadis Camara reconnait ne pas contrôler cette armée dont lui-même est le chef, pourtant. Il prétend qu’il n’était pas au courant de ces violences, donc, incapable d’assurer la protection à la population désarmée.
S’il veut vraiment le bien de la Guinée, le Cap. Chef des armées, n’a pas besoin de consulter les chefs religieux qui sont généralement, en ce qui concerne les dignitaires religieux musulmans, tous acquis à l’homme qui détient le pouvoir. Il n’a qu’à considérer les foules qui descendent dans les rues des principales villes du pays contre sa candidature et en tirer les conclusions. LES MILITAIRES DOIVENT RETOURNER DANS LES CASERNES, PROTÉGER LE PEUPLE AU LIEU DE LE MASSACRER CHAQUE FOIS QU’IL EXPRIME SON MÉCONTENTEMENT.
Les responsables de ce massacre doivent être identifiés et traduits devant une justice neutre. Nous avons assez de l’état assassin. Dadis doit partir!
Konakry: Que s’est-il passé le 28 septembre ?
Ce blog est destiné à recueillir les témoignages des Guinéens de Konakry la capitale et d’autres villes guinéennes où ont eu lieu des manifestations sur les événements de fin Septembre 2009. Les communications avec la Guinée étant aléatoires, nous rassemblons ici des témoignages (non vérifiés) via téléphone ou messagerie Skype.
Si des Guinéens souhaitent transmettre des témoignages à retranscrire ici, merci d’envoyer votre message via ce blog ou a briconcella arrobase gmail point com.
B.R. (médecin) – témoignage via Skype :
vous savez des 9H30 j’étais sur les lieux de la manifestation il n’y avait pas trop de monde à cause de la pluie et les gens sortaient de chez eux tranquillement.Les premiers arrivés ont rencontre les forces de l’ordre deja en position en grand nombre au stade . Je m’excuse, on m’appelle, je dois y aller.
A.B.(retraité) – témoignage via Skype:
Ce dont la presse ne parle pas et qu’un médecin que j’ai eu regrette, c’est les viols contre les femmes de tout âge par des militaires qui se comportent comme des drogués
Un autre témoignage:
Le correspondant de France5 dans une correspondance de Conakry affirme avoir vu des corps tomber et des femmes qui se déshabillaient. C’est usuel en Guinée, lorsque les femmes sont en colère, elles se déshabillent pour montrer aux hommes d’où ils sont sortis. C’est une malédiction pour eux de voir leurs « mères » nues. Le correspondant était blessé et il se faisait soigner dans une concession, auprès d’une famille.
D’autres témoignages (audio) enregistrés par la radio RFI le 29 septembre.
Oumar (Guinéen en Europe) le 29 sept.
Depuis hier je n’arrive pas à joindre ma famille à Conakry, les lignes sont saturées ou perturbées, je ne sais pas. Je crains qu’on ne saura jamais le nombre de victimes car d’un côté des militaires sont venus voler des corps des morgues pour empêcher tout comptage. De l’autre, vu le manque d’électricité, il est impossible de garder longtemps des corps. Autre inconvénient d’ordre religieux : en terre d’Islam, on enterre très vite, beaucoup de morts ont déjà été enterrés à la sauvette hier soir
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Plus tard, j’ai pu joindre ma cousine au téléphone qui confirme tout ce qui s’est passé hier, y compris les viols au stade et dans les quartiers de la ville et les vols de cadavres dans la morgue. Selon elle, aujourd’hui il y a un calme relatif mais dans la haute banlieue d’où viennent une bonne partie des manifestants, il y a encore des coups de feu, donc des exactions sont toujours possibles. Les gens essaient de récupérer leurs morts.
Mercredi 3O septembre, vu sur le site « Observateurs » de France 24:
Noel Etienne Gnimassou est technicien dans une usine d’aluminium à Fria.
J’avais commenté pour les Observateurs la situation en Guinée en décembre 2008, à la mort du président Conté, et j’avais dit que ce pays avait besoin de changement.
On a voulu y croire, on a espéré que la situation du pays évolue favorablement, mais neuf mois plus tard, il faut se rendre à l’évidence, c’est une vraie déception. L’économie tourne toujours au ralenti, tout comme l’usine d’aluminium où je travaille, à Fria, au nord de Conakry.
Le capitaine Camara est incompétent pour le poste. Il s’est contenté de travailler pendant les trois mois qui ont suivi sa prise de pouvoir : il a lutté contre la corruption, il a mis à la retraite les vieux généraux fidèles au président Conté et il s’est attaqué au trafic de drogue. Mais passé cette période, il a commencé à se sentir à l’aise dans le fauteuil de président. Depuis six mois, on se doute qu’il ne va pas tenir sa promesse et qu’il rêve de devenir président. On en est sûr aujourd’hui, il veut se présenter. Je pense d’ailleurs que son entourage l’a poussé à y aller quand il hésitait.
Quand il dit ne pas contrôler l’armée, il tente de minimiser sa responsabilité dans le massacre, mais il a en partie raison. Personne ne peut contrôler toute l’armée ici, c’est plus une bande armée qu’une véritable armée. Les deux journées de deuil national qu’il a instauré mercredi et jeudi ne sont qu’une grande hypocrisie. Il fait cela pour amadouer la communauté internationale car il a peur de sa justice.
Le 28 septembre, de nombreuses personnes de Fria ont répondu à l’appel des leaders de l’opposition et se sont rendus au stade de Conakry. Plusieurs ne sont pas revenus. »