Les 9 blogueurs de Zone9 toujours dans les geôles du régime dictatorial éthiopien

Il y a des peuples auxquels la nature a donné des pays beaux et riches. Malheureusement, au cours de longues périodes de leur histoire des dirigeants despotiques leur confisquent la liberté pendant des générations et des générations. C’est le cas de l’Éthiopie, que certains considèrent comme le berceau de l’humanité, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique et un des premiers pays à avoir des communautés chrétiennes et musulmanes depuis que ces religions ont été révélées. Concernant l’Islam, vers l’an 615 de l’ère chrétienne, le Prophète Mahomet, lui-même y a séjourné fuyant les persécutions à la Mecque, et l’un des compagnons de Mahomet, le premier muezzin Bilal serait originaire d’Éthiopie. De la période des empereurs à nos jours, les éthiopiens ont été victimes de toute sorte d’abus de la part de ses dirigeants.

Dans cet article que j’ai traduit et qui a été publié sous le titre Comment le blogging est maintenu en prison par le pouvoir en Éthiopie, Endalk qui est professeur à l’Université d’Ara Minch, en Éthiopie, nous décrit comment le pouvoir actuel exerce un contrôle strict de l’accès aux services Internet, justifiant ce comportement brutal par la lutte contre le terrorisme.

Une foule dans une rue d'Addis Ababa. Photo de Sam Effron via Wikimedia (CC BY-SA 2.0)

Il faut beaucoup de temps pour aller n’importe où à Addis-Abeba. Le trafic exige que vous soyez patients, énormément. L’utilisation des services de télécommunications de l’Éthiopie exige un niveau de patience similaire. Vous envoyez un texto à quelqu’un que vous êtes censé rencontrer, pour lui faire savoir que vous êtes en retard, probablement à cause d’un embouteillage. Mais vous pourriez arriver bien longtemps avant que le message s’affiche sur le téléphone de votre ami, ce qui pourrait vouloir dire des heures ou même des jours plus tard. En Ethiopie, plus de 40 pour cent des textos ne sont pas livrés à temps, ou tout simplement n’atteignent jamais leur destinataire.

La connexion tombe souvent au beau milieu d’une conversation, et le temps de communication indiqué  sur les cartes de téléphone portable prépayées est généralement moins que ce qui est annoncé. Pendant la saison des pluies, il n’est pas rare de se retrouver dans de longues panne de réseau pendant des heures de suite, même dans la capitale. Dans la première moitié de 2014 seulement, les médias publics ont rapporté que plus de 25 pannes de réseau s’étaient produites à l’échelle nationale.  Et quand les réseaux sont en place, ils sont douloureusement lents : pour télécharger un fichier aussi petit que 2 Mo ou moins sur la norme Gmail peut prendre jusqu’à cinq minutes.

EthioTelecom, la seule société de télécommunications à gestion publique, est passée au moins dans les mains de trois dirigeants ; elle a offert des contrats de plusieurs millions de dollars pour améliorer ses services à des entreprises chinoises et fait depuis 2010 d’innombrables promesses d’améliorer le service “très bientôt”. Malgré des années d’efforts EthioTelecom n’a pu obtenir une couverture médiatique plus favorable, il n’y a eu aucune amélioration majeure dans le service s’il y en a eu. Leur service a empiré.

Pourtant, quand le gouvernement éthiopien veut communiquer avec le public, les services de télécommunications fonctionnent très bien. Un citoyen ordinaire a besoin d’une autorisation officielle pour diffuser un message SMS à plus de 10 personnes, mais dans des occasions comme le 40e anniversaire du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) [fr], célébré le 18 février, d’innombrables Ethiopiens ont reçu de nombreux messages pro-gouvernementaux pour marquer l’occasion.

Le pouvoir exerce également un contrôle strict de l’accès aux services Internet. Salomon, un bon ami à moi, récemment diplômé en sciences politiques, voulait créer un blog personnel avec le nom de domaine de son pays. Il a demandé à acheter un domaine sous .et, mais on lui a dit qu’il avait besoin de s’inscrire comme entreprise pour que l’administrateur général du domaine de l’Etat examine sa demande. Quand Salomon a exprimé sa frustration auprès du service clientèle d’EthioTelecom, un employé a appelé la sécurité qui a obligé Solomon à sortir du bâtiment.

Pourquoi n’y a-t-il qu’un seul fournisseur de services Internet, – qui, en plus, fonctionne mal – pour les 90 millions d’habitants de l’Ethiopie? Nous avons mieux à faire que de le demander à des fonctionnaires. De telles questions seraient considérées comme une tentative de saper la souveraineté nationale, ou de vendre le pays aux capitalistes néolibéraux étrangers.

Horn of Africa map from the UN. Released to public domain.

Le contrôle exercé par l’Etat sur les services de télécommunications de l’Éthiopie est généralement justifié par la préservation de la souveraineté économique du pays. Dans une large mesure, l’Éthiopie exploite sa position d’allié stable des puissances occidentales dans une Corne de l’Afrique volatile. Bordée par le Soudan et l’Érythrée, avec une véritable menace terroriste permanente de la Somalie voisine, le gouvernement peut utiliser la justification abusive de la loi antiterroriste [fr] comme un outil pour supprimer toute velléité de dissidence.

Les services de messagerie mobile ont été suspendus pendant trois ans après l’élection de 2005, la seule véritable élection pluraliste de toute l’histoire politique de la nation. En mai 2011, l’ensemble du pays a été déconnecté de l’Internet mondial pendant des heures, parce que le gouvernement craignait que l’Internet puisse alimenter une “révolution” de style égyptien en Ethiopie. A cette époque, les médias contrôlés par l’Etat ont régulièrement représenté les médias sociaux comme étant “mauvais pour la santé de la société” [fr].

Il y a plus d’un siècle, lorsque l’empereur Ménélik II a relié le palais et la trésorerie par une ligne téléphonique, le son de la voix désincarnée avait effrayé la noblesse et les prêtres. Ils avaient essayé de bannir la ligne téléphonique, la qualifiant de travail des démons. Parfois, c’est comme si les dirigeants actuels avaient ré-adopté ces scénarios en mettant les technologies de télécommunications hors de la portée de la plupart des Ethiopiens et en enveloppant leurs efforts dans une idéologie politique.

Pour les éthiopiens comme mon ami Solomon, qui essaient de s’exprimer en ligne, la punition par l’État ou par EthioTelecom est une habitude. En 2012, avec quelques collègues nous avons commencé un blog collectif appelé Zone9 [fr]. Après seulement trois semaines nous avons découvert que notre blog n’était pas accessible en Ethiopie. Nous n’avions jamais cru que le gouvernement verrait notre blog comme une grave menace politique – nous essayions simplement de former une identité et une voix au sein de la génération de l’après-guerre civile en Ethiopie avec un cœur engagé et une peau épaisse.

Et nous voulions donner à notre gouvernement le bénéfice du doute, en dépit du fait que nous ayons reçu beaucoup de conseils nous décourageant de la part des journalistes qui avaient subi la brutalité du régime de première main. Nous avons refusé d’être récupérés par les différentes forces politiques éthiopiennes, qui ont tendance à être divisées selon des lignes idéologiques, ethniques et religieuses. Notre objectif n’était pas de nous confronter au pouvoir, mais d’utiliser un minuscule espace web de l’Éthiopie pour autant que possible provoquer de véritables débats publics au niveau local. Nous écrivions à propos de questions d’intérêt public.

Dans le but d’allonger la vie de nos blogs, nous avons essayé de généraliser notre critique, plutôt que de nous concentrer sur des actes répréhensibles spécifiques du gouvernement. En l’espace de quelques mois, nous avons lancé plus de dix blogs, se déplaçant à chaque fois, pour peaufiner leurs adresses Web afin de contourner la censure. Nous changions alternativement les plates-formes de Blogger à WordPress et retour à Blogger. C’était bien sûr une mauvaise stratégie de médias numériques, mais il ne s’agissait pas d’un jeu d’enfants. Et puis nous avons dépassé la limite. Cela a abouti à ce que certains d’entre nous soient battus par la police et accusés d’incitation à la violence, et même de terrorisme. C’est ce qui est arrivé à neuf de mes amis, qui souffrent actuellement dans les prisons à Addis-Abeba [fr].

Nous avons appris que nous avions tort de supposer que le gouvernement ne nous aurait pas touchés, qu’il connaissait nos vulnérabilités et ne nous aurait pas arrêtés. La chose la plus importante que nous avons faite a été de demander au pouvoir de commencer à respecter la constitution du pays et de résoudre les problèmes des services de télécommunications, comme ceux que j’ai décrits au début de ce billet. Nos campagnes ont réussi à attirer beaucoup d’internautes de la relativement petite communauté de la blogosphère éthiopienne, mais nos activités n’ont jamais été criminelles.

Dans l’acte d’accusation [fr] de mes collègues, le procureur a présenté une transcription complète des conversations téléphoniques sur écoute que j’avais eues avec mes amis quand j’étais encore en Ethiopie, comme preuves du “crime” que nous avions commis. Ils ont enregistré des conversations téléphoniques que nous avions sur nos vies privées, à propos de notre formation en matière de sécurité numérique, et tout le reste. Le gouvernement nous a accusés de collaborer avec les groupes politiques dont nous avions été ouvertement critiques.

Les blogueurs de Zone9 tentaient tout simplement de titiller un peu l’agence à travers l’Internet. Mais, nous sommes maintenant pris au piège entre les cercles locaux de pouvoir avides de ceux qui dirigent le gouvernement éthiopien et utilisent la rhétorique mondiale de l’anti-terrorisme pour écraser tout ce qu’ils craignent susceptible de menacer leur pouvoir et leur stabilité de leaders. Pendant ce temps, près d’un an après leur arrestation, mes amis continuent à vivre derrière les barreaux, avec peu de possibilité de voir leurs familles, sans accès au monde extérieur ni aucune justification juridique claire pour leur maintien en détention.

Ce billet a remporté le troisième prix dans la compétition #SommetGV2015, Participez au concours GV et envoyez votre article sur l’impact chez vous des politiques de l’Internet Endalk Chala est un étudiant de doctorat en Études des médias à l’Université de l’Oregon et un des membres fondateurs du collectif blogging Zone9 en Éthiopie. Il a rejoint Global Voices en 2011.

Éthiopie: Le combat des blogueurs de Zone9 en prison sans aucune charge depuis un an

Le dernier billet que j’ai traduit porte le titre de Éthiopie : un an après leur arrestation, les blogueurs de Zone9 restent plus déterminés que jamais. La révision a été faite par ma chère amie Claire Ulrich, qui fait partie de ces personnes qui m’ont carrément poussé vers ce monde merveilleux qu’est le blogging. Sans cette activité, je me demande ce qu’aurait été ma vie de retraité.

Le titre original en anglais était A Year After Their Arrest, Ethiopia’s Zone9 Bloggers Remain Strong and Determined. Il a été écrit par Ellery Roberts Biddle & Ethan Zuckerman. Ce dernier n’est rien moins que le fondateur de globalvoicesonline.org. C’est une de ces personnalités à la vie tellement bien remplie qu’on se demande si pour elles aussi les journées n’ont que 24 heures. en plus de sa jovialité qui frappe dès le premier instant qu’on l’a en face de soi, c’est qu’il n’hésite pas à vous parler des langues africaines telles que le Yoruba, le Bambara, etc. Fascinant Ethan!

Roberts Biddle est la directrice de Global Voices Advocacy et un membre de longue date de la communauté Global Voices. Une autre sommité aussi, qui s’est jetée corps et âme dans le combat pour la libération des blogueurs éthiopiens du blog collectif Zone9.

Voici leur billet et bonne lecture

Les membres fondateurs de Zone9. De gauche à droite: Endalk Chala, Soliana Shimeles, Natnael Feleke, Abel Wabela. Befeqadu Hailu, Mahlet Fantahun, Zelalem Kiberet, Atnaf Berahane.

Écrit par Ellery Roberts Biddle & Ethan Zuckerman

En avril dernier, tard un vendredi, un email est apparu sur la liste de la communauté Global Voices avec comme sujet de l’email : “Épouvantable”. Un groupe de nos auteurs et leurs collègues blogueurs avaient été arrêtés ce jour là à Addis-Abeba. Six de ces hommes et femmes faisaient partie de Zone9, un blog collectif [fr] qui couvrait les questions sociales et politiques en Éthiopie ainsi que la promotion des droits humains et la bonne gouvernance. Nous avons rapidement appris qu’ils avaient été arrêtés en raison de leur travail en tant que blogueurs.

Les blogueurs de Zone9 cherchaient à favoriser le débat et la discussion politique dans un pays où la plupart des médias tombent sous le contrôle asphyxiant des autorités gouvernementales. Ils voulaient aider leurs concitoyens à mieux comprendre leurs droits, tels qu’ils sont garantis par la constitution. Ils voulaient que plus d’éthiopiens aient leur mot à dire dans la façon dont leur pays est gouverné.

La Corne de l'Afrique. Carte de l'ONU, publiée au domaine public.

Ce n’est pas facile de traiter de ces questions en Éthiopie. En tant que deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Éthiopie bénéficie d’un important flux d’aide militaire et humanitaire étrangère, en grande partie destinée à renforcer et à maintenir le rôle du pays comme bastion de la sécurité dans la Corne de l’Afrique, où les niveaux de tensions ethniques, la corruption et la criminalité sont élevés.

Le gouvernement fait face à des menaces de groupes militants armés dans la région nord du pays et dans la Somalie voisine, et il bénéfice d’un grand soutien des gouvernements occidentaux, dont les États-Unis, pour préserver la stabilité dans la région. Mais la peur causée par cette situation précaire a des conséquences dans la vie quotidienne, laissant peu de place pour l’activité de la société civile et le débat démocratique. Au cours des dernières années, le gouvernement a développé une tendance inquiétante à étiqueter toute personne qui exprime la dissidence comme un terroriste.

Prenons le cas du journaliste Eskinder Nega [fr]. Le crime de Nega a été de couvrir les manifestations du Printemps arabe et de souligner que l’Éthiopie pourrait faire face à des manifestations similaires si le gouvernement ne s’ouvrait pas et ne procédait pas à des réformes. Il a été accusé de “planifier, préparer un complot, inciter et organiser” des actes de terrorisme. Pour cela, il purge actuellement une peine de 18 ans de prison.

En 2013, craignant de subir le même sort, les membres de Zone9 ont abandonné leur blog pendant plus d’un an. Mais au printemps dernier, ils ont décidé qu’ils ne pouvaient pas garder le silence plus longtemps. Le 25 avril 2014, le gouvernement a réagi en arrêtant six membres de l’équipe du blog, ainsi que trois journalistes qu’il considérait comme “affiliés” aux blogueurs.

Natnael Feleke avec M. John Kerry, en 2013.

Bien qu’ils doivent encore être traduits en justice, les blogueurs ont été inculpés en vertu de la loi contre le terrorisme [fr]. Cela donne une idée de ce que le gouvernement éthiopien combat : la dissidence, pas la terreur. Une grande partie de l’acte d’accusation porte sur le fait que les blogueurs aient reçu une formation pour chiffrer leurs communications, en particulier grâce à l’utilisation de Security in a Box [fr], une boîte à outils de sécurité numérique destiné à aider les militants des droits humains à se protéger contre la surveillance, facilement accessible en ligne. Le gouvernement éthiopien accuse les blogueurs de Zone9 de l’utilisation de ces outils dans une tentative de “renverser, modifier ou suspendre la Constitution fédérale ou de l’état; ou par la violence, les menaces ou la conspiration.” En fait, les blogueurs utilisaient ces outils pour coordonner leur travail de reportage, espérant éviter la détection et l’arrestation par un gouvernement paranoïaque.

Nous sommes en admiration devant la force, la détermination et la combativité dont ces blogueurs ont fait preuve depuis leur arrestation. En août 2014, Befeqadu Hailu, un des membres fondateurs de Zone9 et auteur de Global Voices, a écrit un compte rendu détaillé de ses expériences [fr] derrière les barreaux, un texte sorti clandestinement de la prison et publié sur notre site. Ses paroles ont laissé notre communauté à la fois interloquée et hantée depuis. “Peu importe que” écrit-il, “des limites existent dans ce pays. Les gens qui écrivent sur la réalité politique de l’Éthiopie devront faire face à la menace d’incarcération aussi longtemps qu’ils vivront ici “.

A lire: Journal d’un prisonnier éthiopien: témoignage de Befeqadu Hailu

Plus récemment, ses amis ont pu sortir clandestinement une lettre de Natnael Feleke, un autre membre fondateur du collectif de blogging Zone9 qui étudiait l’économie avant son arrestation. La lettre de Natnael est adressée au Secrétaire d’état américain M. John Kerry. En 2013, Natnael avait conféré avec M. Kerry lors d’une manifestation publique organisée à l’Université d’Addis-Abeba, une réunion qui est présentée maintenant comme une preuve contre lui. Dans la lettre, Natnael demande au gouvernement américain de reconsidérer son soutien au gouvernement éthiopien. Il écrit:

…[Le] temps que je passerai en prison n’est pas la question la plus pressante dans mon esprit en ce moment. Au contraire, je suis inquiet au sujet du sacrifice supplémentaire nécessaire pour que la communauté internationale, en particulier votre gouvernement, puisse adopter une attitude pragmatique pour exiger des progrès fondamentaux dans le processus de démocratisation du pays en échange des milliards de dollars déversés en faveur de ce régime.

Je ne veux pas que vous vous me mépreniez. Ce n’est pas que je n’apprécie pas l’importante assistance déployée dans le processus de développement de mon pays. C’est juste que je crois fermement que le suivi efficace de cette aide ne peut se faire que  là où il y a une gouvernance responsable. C’est ironique que le premier bénéficiaire mondial de l’aide au développement soit sans surveillance et contrôle de comptes efficace.

[…]

Dans son livre The Audacity of Hope, le président Obama déclare que le véritable test de ce que nous valons vraiment est là où nous investissons le temps, l’énergie et l’argent que nous avons. Je comprends la difficulté que vous rencontrez à trouver un équilibre entre le maintien de la sécurité et la stabilité ainsi que la promotion de la démocratisation dans votre politique étrangère. Mais une stabilité durable ne peut être atteinte que par un gouvernement démocratiquement élu et des institutions auxquelles le peuple a confiance. Comme les intérêts nationaux américains sont construits sur les valeurs fondamentales de la liberté et de la démocratie, j’ai l’espoir et la confiance que vous allez adopter une nouvelle position qui puisse forger une relation plus claire entre toute forme d’aide et le processus de démocratisation.

La lettre ne soutient pas seulement un argument politique. Natnael parle aussi de sa propre expérience en prison, décrivant la torture, les mauvaises conditions et l’enquête criminelle que les blogueurs ont subie, qu’il qualifie de “ridicule”.

A lire A Letter to John Kerry from Kilinto Prison, Ethiopia (une lettre à M. John Kerry de la prison de Kilinto, Éthiopie)

La clairvoyance avec laquelle les blogueurs semblaient anticiper leur sort actuel est surprenante. Le blog Zone9  tient son nom de Kality, une prison à la périphérie d’Addis-Abeba, où Eskinder Nega est incarcéré depuis 2011. La prison de Kality est divisée en huit zones différentes, dont la dernière – Zone Huit – est réservée aux journalistes, aux militants des droits de l’homme et aux dissidents. Endalk, l’un des trois membre de Zone9, qui est libre aujourd’hui, a expliqué que lorsque le groupe s’est formé, “nous avons décidé de créer un blog pour la célèbre prison dans laquelle tous les éthiopiens vivent: c’est Zone Neuf.”

Les blogueurs de Zone9 devraient comparaître en procès à la fin du printemps. S’ils sont condamnés, ils vont se retrouver en compagnie d’au moins dix-huit autres journalistes qui ont subi le même sort.

Angola: Rafael Marques de Morais an Angolan journalist and human rights activist

Rafael Marques de Morais is a nominee for Journalism Award Nominees 2015 attributed by Index on Censorship. The human right advocacy NGO introduces herself:

Index on Censorship is an international organisation that promotes and defends the right to freedom of expression. The inspiration of poet Stephen Spender, Index was founded in 1972 to publish the untold stories of dissidents behind the Iron Curtain. Today, we fight for free speech around the world, challenging censorship whenever and wherever it occurs.

Index uses a unique combination of journalism, campaigning and advocacy to defend freedom of expression for those facing censorship and repression, including journalists, writers, social media users, bloggers, artists, politicians, scientists, academics, activists and citizens.

Index believes that free expression is the foundation of a free society and endorses Article 19 of the Universal Declaration of Human Rights, which states: “Everyone has the right to freedom of opinion and expression”.

Rafael Marques de Morais is an Angolan journalist and human rights activist. He is currently facing nine charges of defamation after publishing on human rights abuses committed during diamond mining operations in Angola. Since 2008 he has run an anti-corruption watchdog news site called Maka Angola – “maka” means a serious, nuanced problem.

Marques has dedicated his career to investigating his country’s maka: ingrained corruption in Angolan government and industry, and the repeated violation of Angolans’ human rights. This culminated in his 1999 article The Lipstick of Dictatorship, which said Angolan President José Eduardo dos Santos was propagating the country’s civil war to distract attention from his regime’s “incompetence, embezzlement and corruption”.

In retaliation, Marques was arrested and detained for 40 days without charge, during which time he was denied food and water for days at a time. His six-month sentence for defamation of dos Santos was then suspended on condition that he wrote nothing critical of the government for five years. Within three years he was writing a series of reports documenting government-sponsored human rights abuses in Angolan province Cabinda.

Journalists in Angola are routinely threatened for speaking against the state – seven have been murdered since 1992, including a pro-opposition radio presenter who was shot in 2010. Rights activists are also targeted. In November 2014, a female student was beaten for two hours by a group of police officers for taking part in an anti-government demonstration.

In terms of its natural resources Angola is one of the world’s richest countries, with extensive deposits of oil and diamonds under its surface. The end of the country’s civil war in 2002 paved the way for enormous economic growth: in the subsequent decade the government budget grew from $6 billion to $69 billion, as oil and diamond sales rocketed.

But this financial influx hasn’t trickled down to the Angolan populace, 70 per cent of whom still live on less than $2 a day. Angola is ranked 161st out of 175 countries in Transparency International’s Corruption Perceptions Index. It’s easy to see why – between 2007 and 2010 $32 billion in oil revenue went unaccounted for in government ledgers.

Recently Marques has focused on following money trails between government figures and business leaders, especially in diamond and oil industries. A highlight of this work is his 2013 collaboration with Forbes magazine investigating the president’s daughter Isabel dos Santos, and the provenance of her $3.9 billion wealth. dos Santos, styled ‘Princess’ of Angola, is the richest woman in Africa – but Marques’ thorough investigations reveal the extent to which her father used his power to cut her into business deals.

Marques’ leading investigative work into corruption and human rights abuses at Angola’s diamond companies was distilled into his 2011 book Blood Diamonds: Torture and Corruption in Angola. He recounted 500 cases of torture and 100 murders of villagers living near diamond mines, carried out by private security companies and military officials.

Marques declared the bosses of these groups morally responsible for the atrocities committed under them, and filed charges of crimes against humanity against seven Angolan generals. After his case was dropped by the prosecution, the generals launched a series of retaliation lawsuits in Angola and Portugal, charging Marques with criminal libel. They are demanding a total of $1.6 million from Marques. The case will begin in March 2015.

In spite of the impending trial, last month Marques began publishing a series of pieces on land-grabbing generals who have displaced agrarian workers around Angola.